On a remarqué depuis longtemps que les deux
coudes ne semblent pas situés à la même hauteur, le gauche paraissant plus rapproché
de l'épaule denviron 5 cm ; cette anomalie, qui avait entretenu un doute sur
lauthenticité du suaire était bien souvent passée sous silence ; dans le cas
contraire, on tentait de la justifier par des luxations, déboîtements, étirements ou
autres pathologies contre lesquels Pierre Barbet s'était élevé en raison
dimpossibilités médicales évidentes.
Tout le problème va dépendre de la longueur des
membres supérieurs ; or, malheureusement les bras ne sont pas visibles sur le Suaire, les
brûlures de 1532 ayant détruit leur image ; il va donc nous falloir les
reconstituer. Pour y parvenir, sachant que le Suaire mesure 4,37 m x 1,11 m, il suffit de
relever des mesures précises sur de bonnes photographies du Suaire, puis deffectuer
de simples règles de trois. Ensuite, et surtout, il conviendra dinterpréter et
critiquer soigneusement ces mesures à la lumière de connaissances anatomiques précises. |

|

|

|
En regardant la main ouverte ci-dessus, on voit
que l'extrémité du petit doigt arrive au même niveau que l'interphalangienne distale de
l'annulaire, ce qui se vérifie d'ailleurs sur la main droite du Linceul.
L'extrémité parfaitement visible du petit doigt
gauche permet donc de localiser avec certitude les dernières articulations de l'annulaire
et du majeur et daffirmer que les traces visibles au bout de la main correspondent
réellement à l'extrémité de ces doigts.
Il faut remarquer aussi que la main droite est
aplatie et que la main gauche est légèrement incurvée, rendant difficile la
localisation exacte de l'extrémité du majeur.
On voit des individus grands, moyens, petits,
gros, maigres, mais, pour chaque personne il existe un rapport à peu près constant entre
les longueurs de ses doigts, celle de sa main, celle de son bras, etc. Je vous fais grâce
de tous les calculs, simples mais fastidieux, pour vous livrer directement les
résultats en attirant votre attention sur le fait que, si les mesures effectuées
sur le Suaire sont exactes à quelques millimètres près, les fourchettes de normalité
corporelle, elles, ont toujours un écart-type statistique et la valeur que j'utilise pour
mes calculs est la moyenne ; il convient donc de garder à l'esprit que les longueurs
obtenues sont exactes à environ +/- 1 cm. |
La largeur de la main gauche est de 7,9 cm, celle
de la main droite de 8,9 cm (donc la main gauche n'est pas posée à plat sur la droite,
mais en oblique selon un angle de 25° et nous verrons que cest le pouce rétracté
dans la paume qui est à lorigine de cette bascule).
Entre le centre de la plaie de la main gauche et
l'extrémité visible du médius (trait bleu sur la photo), il y a, sur le Linceul, 16,8
cm, mais la main n'est pas à plat, et, comme nous pouvons le constater sur les deux
photos ci-dessous, la différence de longueur entre un main un peu fléchie et la même
main aplatie est de 2 cm, donc la distance entre lextrémité du majeur et la plaie
du poignet peut être estimée à 19 cm sur la main aplatie |

|

|

|
Compte tenu des longueurs des doigts, faciles à
déterminer sur la main droite, de la largeur de la main, et de nombreux autres
paramètres, nous pouvons déduire que Jésus avait une main dune longueur de 21 cm
; l'espace de Destot (dans lequel Pierre Barbet pensait que les clous avaient été
enfoncés) se situe théoriquement à 93% de cette longueur, donc à 19,5 cm de
l'extrémité du majeur.
- Or, nous venons de calculer que la plaie du poignet se situe à 19 cm de l'extrémité
du majeur ; à 5 mm près, la valeur mesurée est égale à la valeur calculée.
- De plus, il est parfaitement visible que la plaie se trouve située dans le prolongement
du 3° espace interosseux, là précisément où se situe l'espace de Destot.
- Enfin, comme l'a magistralement démontré et expérimenté Pierre Barbet, un clou
planté dans l'espace de Destot entraîne une irritation de la branche motrice du nerf
médian provoquant une contracture des muscles court abducteur et opposant du pouce avec,
comme conséquence, la rétraction du pouce dans la paume de la main, or, sur la photo,
les pouces sont complètement invisibles et la main gauche est oblique à 25°, ce qui
correspond à la hauteur du pouce caché dans la paume !
On doit donc conclure, pour toutes ces raisons, que la plaie de la main gauche
se situe dans lespace de Destot et certainement pas dans la paume de la main !
Les longueurs probables des autres segments des membres supérieurs sont :
- Avant-bras : 31 cm
- Bras : 33 cm
Il nous reste maintenant à comprendre comment ces
segments des membres supérieurs étaient disposés dans les 3 plans de l'espace :
Par principe, reprenons dabord
lhypothèse selon laquelle le corps déposé dans le linceul aurait pu être encore
souple ; dans ce cas, les mains se croisant devant le pubis, les avant-bras auraient
dû sappuyer sur labdomen, les coudes reposant symétriquement dans les creux
des flancs et la différence de hauteur des coudes constatée sur le Suaire naurait
toujours pas dexplication
Cette hypothèse ne fonctionne donc pas pour les
membres supérieurs.
Par contre, si on admet lhypothèse
dune rigidité cadavérique précoce,
- on peut concevoir quau moment de la mise au tombeau, pour rapprocher du corps les
bras écartés sur la croix, il a fallu exercer sur eux une force non négligeable pour
les faire se croiser devant le pubis.
- on peut aussi concevoir facilement que Joseph d'Arimathie et Nicodème n'aient pas
réussi, ni même dailleurs probablement cherché, à donner une symétrie exacte au
corps ; ils devaient déjà avoir assez de mal à vaincre la rigidité et ils se
sont probablement contentés dune position approximative.
- Enfin, la main gauche étant au-dessus de la main droite, on peut concevoir que le coude
et le bras gauches aient été placés plus haut que le coude et le bras droits. Alors,
dans ce cas, la projection orthogonale de chaque segment de membre sur un plan donnera des
longueurs apparentes différentes des longueurs réelles.
Si on admet, en regardant les deux photos
ci-dessous, que l'axe du coude gauche était situé à 28 cm de hauteur par rapport au
plan postérieur sur lequel reposait le corps (c'est-à-dire juste un peu plus haut que le
poignet gauche) et laxe du coude droit seulement à 14 cm (c'est à dire à mi
hauteur du poignet droit), alors les dimensions apparentes des segments de membre
deviennent :
- Pour le bras droit, qui est presque horizontal, la longueur ne varie quasiment pas :
32,5 cm au lieu de 33
- Pour le bras gauche qui est oblique : 27 cm au lieu de 33. Nous retrouvons ici les 5 cm
de décalage entre la hauteur des coudes, confirmant ainsi l'hypothèse de la rigidité du
corps ; quelle autre explication donner à ce coude suspendu en hauteur ?
- Pour l'avant-bras gauche qui est presque horizontal : 30,5 cm au lieu de 31
- Pour l'avant-bras droit qui est oblique : 28,5 cm au lieu de 31
|

|

|
En
reportant ces différentes longueurs sur la face antérieure du Suaire, on
saperçoit que ces dimensions coïncident avec les parties visibles de limage
du Suaire. |

|

|
Tout ceci semble déjà assez convainquant, mais
il existe encore d'autres preuves de cette disposition dans l'espace des membres
supérieurs..
Regardons cette image des mains sur laquelle la
couleur rouge du sang a été accentuée par informatique :
- On reconnaît la plaie du poignet gauche et son double écoulement en direction du bras.
- Sur l'avant-bras droit, à environ 5 cm de la main gauche, commence une coulée de sang
épaisse qui se dirige vers le coude.
- L'index gauche est relativement pauvre en trace sanguine, le majeur un peu plus marqué,
les deux autres doigts nettement plus rouges.
- on distingue 3 coulées verticales prenant naissance au niveau des doigts gauches et se
poursuivant nettement sur le tissu en dehors des traces des mains.
|

|
Si le coude gauche était situé dans le tombeau
juste un peu plus haut que le poignet gauche, le peu de sang qui restait dans l'avant-bras
s'est dirigé naturellement vers le point le plus bas, et la main, comme nous l'avons vu,
n'étant pas à plat mais oblique vers le petit doigt, le sang n'a pas atteint l'index
situé plus en hauteur, mais s'est dirigé vers la partie interne du majeur et surtout
vers l'annulaire et l'auriculaire. Le sang en excès a débordé la main gauche, infiltré
par capillarité le tissu en direction de la main droite située en dessous, contourné
son bord interne et poursuivi encore un peu son chemin dans le tissu.
Tout ceci ne correspond qu'à une quantité minime
de sang, mais sa présence est absolument incontestable et facilement visible sur le
Suaire.
De même, si le coude droit est effectivement
situé un peu plus bas que le poignet droit, alors le sang a tout naturellement coulé du
poignet vers le coude en formant cette grosse traînée.
- D'où provient ce sang ?
- D'abord du saignement du poignet pendant la crucifixion, mais pas seulement, ce qui
explique l'asymétrie des traces de sang entre les deux avant-bras.
- Ensuite, pour une petite partie de la main droite, par l'intermédiaire de la plaie du
poignet droit que nous ne voyons pas.
- Enfin, de la main gauche où le sang a filtré entre les doigts, a rencontré la face
dorsale de la main droite et s'est écoulé le long de l'avant-bras.
Pourquoi y a-t-il cet espace entre la main gauche
et le début de la trace sanguine ? Tout simplement parce que le Suaire ne touchait pas le
poignet droit car il était décalé par le bord supérieur de la main gauche lui même
encore surélevé par la présence du pouce gauche rétracté dans la paume. |

|

|
Sur ces photos, on voit bien que le voile fait un
pont entre le bord de la main gauche et l'avant-bras droit, pont qui enjambe justement le
poignet droit. Comme le tissu est éloigné de la peau, il ne s'est pas imbibé du sang
pourtant présent sur le poignet droit.
Est-il besoin encore d'une autre preuve ?
Regardons le thorax : on voit beaucoup mieux les détails de limage du pectoral
droit dans sa partie externe que ceux du pectoral gauche ; selon les lois de la
tridimensionnalité du Suaire, cela signifie que le linceul était plus éloigné du
pectoral gauche que du droit ; cette apparente anomalie vient donc uniquement du fait
que le bras gauche était situé plus haut que le droit relevant ainsi le linceul. |

|
Tout se recoupe et il paraît difficile de
contester que le coude gauche ait été situé plus haut que le droit et la rigidité
cadavérique précoce, conséquence logique de la physiopathologie de la passion,
trouve donc sa confirmation dans la position du corps permettant dexpliquer ainsi
des anomalies jusque là incompréhensibles tant au niveau des membres inférieurs que des
membres supérieurs. |
|