Dans les cheveux, surtout à la face postérieure, on distingue de nombreuses et
épaisses coulées de sang qui semblent toutes sarrêter sur une même ligne,
presque horizontale, comme si elles avaient rencontré un obstacle ; sur la partie
antérieure de la tête, on distingue un gros caillot (dans la partie colorée en vert sur
l'image) prenant naissance à la limite des cheveux et descendant vers larcade
sourcilière gauche où il sarrête avant de reprendre sur larcade ; il
sagit dun écoulement de sang veineux, lent, provenant de leffraction
dune veine frontale. A droite, un autre caillot (dans la partie colorée en bleu),
prenant lui aussi naissance à la limite des cheveux et descendant sur les cheveux en deux
coulées distinctes, fines, tendues : il sagit de la trace dune
effraction de lartère frontale droite avec son écoulement fin, pulsatile, envoyant
un petit jet de sang à quelque distance. A gauche, de nombreux petits caillots
disséminés sur les cheveux et le front. Il faut remarquer, là aussi, que les traces
sarrêtent sur une ligne horizontale passant juste au-dessus des arcades
sourcilières. Tout se passe comme si la tête avait été entourée par un bandeau
circulaire serré. |
A lévidence, on est en
présence de nombreuses blessures ponctuelles et non dune plaie étendue du
scalp ; en effet, celles-ci saignent toujours abondamment et auraient donné une
coulée de sang large ; ces blessures sont réparties sur tout le cuir chevelu mais
respectent le visage et la nuque. Rappelons que la découverte de la double circulation
(artérielle et veineuse) date du début du XVII° siècle et quon a de la peine à
imaginer un artiste du moyen-âge se lançant dans la réalisation de traces sanguines
aussi méticuleuses et fidèles à la physiopathologie.
Il manque lextrémité
droite de la moustache et une partie de la barbe, du côté droit également ; elles
ont probablement été arrachées.
La pommette droite est
contuse, excoriée, larête du nez, au niveau des cartilages est oedématiée, les
cartilages probablement fracturés ; les 2 arcades sourcilières sont proéminentes,
contuses.
Lensemble de ces traces
oblige à conclure que lhomme du Suaire a reçu plusieurs coups violents portés au
visage (coups de poing ? coups de bâton ?). Daprès Judica, cela
correspondrait à un coup de bâton de diamètre 4 à 5 cm, porté depuis le côté droit.
Il a, de plus, été victime doutrages (barbe et moustache arrachées). Les
blessures, notamment l'écoulement artériel, ont été réalisées du vivant du
supplicié (juste après la mort, les artères se vident); impossible donc d'accorder le
moindre crédit aux théories prétendant qu'un faussaire aurait utilisé un cadavre pour
"reproduire" le Suaire. |