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Négatif photographique | |
Taches jaunes | |
Taches rosées | |
Autres images |
Les traces jaunes, qui représentent le corps de lhomme, sont invisibles au
verso du tissu. Limage quelles forment napparaît que là où le tissu était situé en regard du corps ; l'image ne concerne que les parties antérieures et postérieures du corps. Il nexiste pas dimage visible des faces latérales du bassin ni des jambes. Il n'y a pas d'image entre les deux représentations de la tête (antérieure et postérieure). L'image correspond à la représentation orthogonale du corps sur le tissu à plat, comme une photographie ; on aurait pu s'attendre, en supposant par exemple que l'image se soit formée par contact entre le corps et le tissu, à ce qu'elle fût déformée par les reliefs du corps et que sa représentation plane fût plus ou moins difforme ; il n'en est rien. Ce point sera revu plus en détail dans la partie concernant l'enlèvement du corps. Limage nest délimitée par aucun trait ; un peu comme un tableau impressionniste, lapparence de limage vient de la juxtaposition de points colorés. Dailleurs, plus on se rapproche de limage, plus elle devient difficile à discerner ; il faut un certain recul pour la comprendre. |
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A lexamen microscopique, on constate que la coloration ne touche que lextrémité des fibrilles ; il est impossible de distinguer la moindre particule de colorant extérieur (peinture, colorant, colle, pigment ou autre). La coloration jaune est essentiellement monochrome, et lintensité de la teinte jaune ne dépend pas dune variation de lintensité de la teinte de chaque fibrille mais du plus ou moins grand nombre de fibrilles colorées. Il existe une relation mathématique entre lintensité de la coloration jaune et la distance séparant le corps du linceul : plus cette distance est courte, plus lintensité est grande ; cette relation mathématique, dénommée tridimensionnalité, unique au monde sur une image et impossible à reproduire sur une photographie, a permis, au moyen dun ordinateur, de reconstituer en 3 dimensions limage du Suaire. On ne trouve aucune imprégnation en profondeur de la coloration jaune (pas dinfiltration, pas de capillarité). Il ny a pas dimage sous les taches rosées ; celles-ci sont donc antérieures à la formation des taches jaunes. Au voisinage immédiat des parties brûlées, laspect de l'image est inchangé ; il ny a donc pas eu altération par la chaleur. Les parties qui ont été arrosées pour éteindre lincendie de 1532 ont exactement le même aspect ; leau, qui a entraîné les poussières et le carbone sur le pourtour de la tache, na pas modifié lapparence de la coloration des fibrilles; la coloration n'est donc pas soluble dans l'eau. La chimie a permis de comprendre la nature exacte de la coloration jaune : elle est due à loxydation et à la déshydratation de la cellulose, constituant essentiel des fibres du lin. Ce phénomène est comparable à celui de la coloration du sucre au cours de la caramélisation ; dailleurs la cellulose nest quun sucre complexe formé dun enchaînement de molécules de glucose. Cette oxydation-deshydratation rend compte de la fragilité et de l'aspect corrodé des fibres colorées (on peut y voir une analogie avec un petit fil de fer rouillé : aspect corrodé et fragilité). L'analyse minérale n'a permis de trouver que du fer, du calcium et du strontium. Ces trois éléments sont répartis uniformément sur toute la surface du tissu (sauf le fer qui est plus concentré à lendroit des taches rosées) et leur concentration nest pas plus importante dans les fibres colorées que dans les fibres incolores. Quant à la présence du calcium et du strontium, ils sont extraits de leau pendant le rouissage (trempage des tiges de lin au cours de leur préparation en vue du filage), durant lequel on sest aperçu que les fibres de lin agissent comme une résine échangeuse dions en concentrant calcium, strontium et fer présents dans leau.
Essayons de comprendre ce que nous venons de voir et den tirer quelques conclusions : Une controverse s'est immédiatement répandue lors de la publication des photos de la face cachée : on distinguait en effet vaguement la silhouette du corps ; certains adversaires passionnés de l'authenticité du Suaire ont cru pouvoir en conclure que l'image du corps avait traversé le tissu. C'était aller vite en besogne et négliger bon nombre de données :
Les traces jaunes nont donc pas pénétré le tissu et ne sont strictement que superficielles ; dans lhypothèse dun faux, cela veut dire que la peinture quaurait employée le faussaire aurait été dépourvue de tout solvant ; une peinture sèche, en quelle que sorte. Les traces jaunes ne correspondent pas à un pigment coloré mais à une oxydation de la fibre du lin ; la peinture quaurait employée le faussaire aurait non seulement été dépourvue de solvant, mais aussi de pigment ; cela ne va pas sans rappeler le "couteau sans manche dont on avait perdu la lame " cher à un de nos humoristes Les traces jaunes ne sont délimitées par aucun trait mais sont composées dune infinité de points de la même couleur, plus ou moins rapprochés, de taille microscopique, dont lagencement ne peut se comprendre quavec un recul de plusieurs dizaines de centimètres. Le faussaire supposé aurait donc déposé une peinture sans pigment ni solvant, en se servant dun instrument microscopique de quelques microns de diamètre à son extrémité, quil ne pouvait voir puisque le microscope ne sera inventé quà la fin du 17° siècle pour déposer sa "couleur" sur des fibrilles de 2,5 microns quil ne pouvait pas voir non plus ! Nous devons conclure avec une certitude absolue que le Suaire na pas pu être fabriqué par un faussaire avant 1357, ni bien sûr après, puisquil est historiquement antérieur à cette date. Dès lors, toutes les théories tendant à prouver quil sagit dun faux peint avant 1357 par un faussaire génial sont nulles et non avenues et cest perdre son temps que dessayer de réfuter point par point chacun de leurs arguments ; le Suaire nest pas une peinture, ni même une réalisation quelconque dun faussaire médiéval, aussi génial eût-il pu être. En ce qui concerne la tridimensionnalité de limage, aucune photographie connue au monde ne possède cette particularité ; cela tient à ce que les photographies sont formées à partir de la lumière réfléchie par les objets. Or cette lumière vient de plusieurs directions ; des essais ont été menés avec des éclairages unidirectionnels, mais les résultats furent très décevants. Il semblerait quil soit nécessaire que la lumière provienne de lobjet lui-même. Quoi quil en soit, nous sommes dans limpossibilité à lheure actuelle de faire une image ayant les caractéristiques de tridimensionalité de celle du Suaire. On est fondé à se demander comment un faussaire du moyen-âge aurait pu y penser et y parvenir .
Cette constatation ne dit pas comment sest formée limage, mais, en dépit des moyens immenses dont nous disposons en ce début de XXI° siècle, personne nest capable de le dire avec précision. Il existe bien quelques théories, peut-être lune dentre elles contient-elle tout ou partie de la vérité, mais ce ne sont que des hypothèses. Toutefois, le fait que nous ne soyons pas en mesure dexpliquer comment sest formée limage ne permet nullement de remettre en cause la conclusion précédente : limage nest pas lobjet dun faussaire. Cela, cest définitif. Aucune découverte ultérieure ne pourra contredire cette affirmation.
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